Vers 1600, une multitude de royaumes constituaient la zone qui s'appellera
plus tard Dahomey (puis Bénin dès 1972). En 1625, l'un des chefs
de tribu se disputa avec son frère à Abomey. Il s'exila alors
et conquit les villages avoisinants. Ainsi naissait le royaume de Dan qui devint
plus tard Dahomey (Dan homè: dans le ventre de Dan). Ses successeurs
furent tous de grands conquérants, chacun laissant à son descendant
toujours plus de terres qu'il n'a hérité.
Entre temps, les portugais, et plus tard d'autres puissances européennes
installèrent des comptoirs commerciaux le long des côtes notamment
à Porto-Novo et Ouidah.
Le royaume du Dahomey s'enrichit rapidement en vendant à ces comptoirs des esclaves capturés durant des croisades expansionnistes. Il recevait en échanges des produits de luxe et des armes. Les conflits internes s'accrurent ainsi donc. En un siècle, plus de 10'000 esclaves furent ainsi vendu pour l'Amérique, principalement à destination du Brésil, des Caraïbes et surtout de Haïti. Les esclaves transportèrent leur culture, connaissances et cultes vodoun vers ces destinations. C'est à cette époque que le sud du Bénin devint très connu comme côte des esclaves.
Plus tard dans les années 1800, les français débarquèrent, réussir difficilement à conquérir le grand royaume du Dahomey en 1894, et le transformèrent en colonie. Au cours des 70 années de colonisation qui s'en suivirent, de grands exploits furent accomplis dans le domaine de l'éducation. Le pays devint rapidement celui des grands intellectuels et fut surnommé "le quartier latin d'Afrique". Dès lors, les français employèrent les dahoméens comme enseignants ou haut fonctionnaires à travers les autres pays d'Afrique de l'Ouest. Cela eu un effet inattendu: les dahoméens instruits commencèrent à donner de la voix, devinrent extrêmement agités réclamant assimilation et égalité, allant jusqu'à produire des journaux attaquant les français.
Cela peut paraître incroyable mais aucun progrès ne fut enregistré dans l'industrie du palmier à huile au cours de cette période. A la veille des indépendances en 1960, le niveau des exportations de produits à base de palmier à huile était le même qu'au milieu des années 1800.
Après la deuxième guerre mondiale les dahoméens commencèrent à se syndiquer et former des partis politiques. Hubert MAGA devint un célèbre politicien durant cette période et devint le premier président du Dahomey à l'indépendance.
Presque immédiatement après l'indépendance, les autres anciennes colonies françaises commencèrent à expulser les dahoméens qui menaient leurs administrations. Revenus chez eux, ces dahoméens sans travail devinrent le base d'une agitation grande instabilité politique. Voyant la facilité avec laquelle un groupe d'hommes en armes prirent le contrôle du pays, ils décidèrent d'en faire de même au Dahomey. Au cours de neuf années qui suivirent, le pays devint la "Bolivie de l'Afrique" avec quatre coups d'états militaires successifs, neuf changement de gouvernement et cinq changement de constitution, ce que les dahoméens appelèrent avec amusement "le folklore".
Notons que conformément au habitudes civiles des Fon, aucun président ne fut tué au cours de ses push! Quand l'armée déposa le Général Soglo en 1967, les militaire se contentèrent de cogner à sa porte et lui crièrent "vous êtes déchu"
En 1972, le Lieutenant Colonel Mathieu Kérékou, un catholique du Nord, représentant un groupe de jeunes officiers gradés prit le pouvoir et forma un gouvernement révolutionnaire qui s'empressa de rebaptiser la station radio au nom de "voix de la révolution". Ce gouvernement s'efforça d'inculquer des sentiments xénophobes anti-blancs à la population. Cela dégénéra rapidement en attaque par les foules, de magasins au mains de ressortissants européens, américains libanais. Même le centre culturel français fut attaqué. Se présentant au début comme un groupe d'officiers outragés par le tribalisme et la politique du chaos, le gouvernement de Kérékou attira rapidement des éléments radicaux.
Après deux ans de pouvoir, Kérékou décréta le Marxisme Léninisme comme idéologie nationale. Pour accompagner ce changement, il renomma le pays en "Bénin".
La transition fut brutale: un garde présidentiel assassina le ministre de l'intérieur à cause d'un scandale moral impliquant l'épouse de Kérékou. Les USA retirèrent leur ambassadeur et les travailleurs se mirent en grève pour réclamer de meilleurs salaires.
En Janvier 1977, un groupe de béninois exilés, recrutèrent un français du nom de Bob Denard qui, à la tête de son groupe de mercenaires européens et africains, débarqua à l'aéroport de Cotonou; les assaillants durent cependant repartir après quelques heures de combats infructueux. Une commission d'enquête révéla plus tard que le Maroc et le Gabon les avaient aidé et que la France était également impliquée. Outré pas ses accusation, le Gabon rompit ses relations diplomatiques avec le Bénin et rapatria les 9'000 béninois vivant sur son territoire. La France réduisit son aide au Bénin de deux tiers.
Comme corollaire de la révolution, le gouvernement exigea que les écoles enseignent le marxisme, créa des fermes collectives et exigea que les étudiants y travaillent pendant une partie de leur temps. Dans chaque district, il assigna des zones de culture et de production, nationalisa les entreprises, créa un seul syndicat national, inculqua un esprit plus militantisme à l'armée et mis en garde les églises. Les entreprises d'état servirent désormais de cadeaux: sans se soucier de leurs capacités intellectuelles, le gouvernement nommait ses amis à leur direction.
Cependant, la révolution était plus rhétorique que réelle. La plupart des fermes restèrent privées. Les fermes d'état et de collectivité ne représentèrent jamais plus de 10% des terres cultivées. Les deux tiers du secteur commercial restèrent privés. L'économie se mit à la traîne, l'inflation devint galopante. Durant de nombreux mois, le salaires ne purent être payés.
La population se fatigua rapidement de la camelote d'idéologie Marxisme-Léniniste que lui avait refilé le régime. En une année il y eu six tentatives de coup d'état. A la fin des années 80, les travailleurs se mirent en grève, bientôt suivis par les étudiants qui protestaient dans la rue. A Porto-Novo, les portraits de Kérékou et le nouveau drapeau furent brûlé et les magasins pillés. Le gouvernement y répondit violemment, ordonnant à l'armée de tirer à vue. Mais les grèves et manifestations ne cessèrent pas. La banque centrale du Bénin s'écoula sous le poids des nombreuses fraudes.
En décembre 1989,l'ambassade de France envoya un mémo à Kérékou, lui conseillant d'organiser une conférence nationale et de changer la constitution. Kérékou suivit le conseil et renonça au Marxisme et appela une conférence nationale pour réviser la constitution. Les dissidents profitèrent de l'occasion pour accuser Kérékou de conduire le pays à la banqueroute, à la corruption généralisée et aux violations des droits de l'homme. A la grande surprise de Kérékou, les 488 délégués lui organisèrent un coup tout en le laissant à la tête de l'armée. Un nouveau cabinet ministériel fut formé avec Nicéphore SOGLO, un dissident, comme premier ministre. Il y eu des appels à la création d'une nouvelle constitution, et une élection multi-partiste libre fut organisée en 1991. Soglo battit Kérékou au cours de ces élections libres et transparentes.
Ainsi s'opéra l'un des plus rapides changements de l'histoire moderne africaine. Le Bénin venait de passer de l'un des régimes les plus autocratiques d'Afrique, à l'un des plus démocratiques! Le pays est désormais désigné comme "LE" modèle de démocratie en Afrique.
Après la dévaluation du franc CFA, le Bénin connu une période économique très difficile mais optimiste. Le président Soglo s'acharna rétablir de bonnes relations diplomatiques et commerciales entre le pays et les bailleurs de fonds. Soglo siéga comme président de l'Union Economique et Monétaire des états de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA) et son ancienne position d'administrateur de la banque mondiale lui permit de rehausser l'image du pays. Le Bénin réussi ainsi à héberger la Conférence de la Francophonie en 1995.
Depuis les instabilités et troubles des années 1991-92, le pays s'est résolument engagé dans la voie de la croissance économique et ne connu plus que des troubles civils mineurs. Le Bénin reçu une grand partie des 300'000 réfugiés togolais fuyant les violences des supporters du président Eyadéma. Cela détériora les relation entre les deux pays jusqu'à la fin des troubles au Togo.